Ce qui me plaît sans doute le plus dans ces albums pleins d'humour, c'est la richesse qu'ils apportent au petit lecteur. Les jeux de mots et les références culturelles, littéraires ou historiques y abondent, et c'est chaque fois l'occasion pour l'enfant de poser des questions et d'ouvrir ses horizons. Du coup, je ne suis pas du tout d'accord avec l'éditeur lorsqu'il annonce que ces livres peuvent être lus "seul à partir de 7 ans". Seul, un enfant de 7 n'a pas les moyens de décrypter et apprécier ce qui fait la richesse du livre. Et ce serait vraiment dommage de passer à côté des nombreuses subtilités, qu'elles soient langagières ou culturelles.
Ne serait-ce que les noms des petits coqs. Je doute que l'enfant seul comprenne les jeux de mots faits sur Coquenpâte, Bangcoq, Molédecoq, Coqueluche et les autres. Il percevra éventuellement la récurrence du mot "coq", mais si on ne lui explique pas les expressions françaises "comme un coq en pâte" ou "avoir des mollets de coq", il passera à côté d'un comique de langue qui pourtant enrichirait son vocabulaire.
Oui, vraiment, les P´tites Poules sont des livres à lire à deux et à interroger, à creuser, à expliquer. L'enfant a tout à y gagner, que ce soit sur le plan du langage ou de la culture générale.
Prenons par exemple l'album Coup de foudre au poulailler.
Toujours dans cet album, les références littéraires fusent : la belle actrice dont tombent amoureux deux des petis coqs s'appellent Roxane. C'est l'occasion de parler de Cyrano de Bergerac et de montrer son grand nez à l'enfant. Croyez-moi, ça le marquera !
Humour, tendresse, et culture. Les P´tites Poules, de la grande littérature pour enfants ! Mais par pitié, ne les lâchez pas seuls avec ces livres, ils n'en retireraient pas la substantifique moëlle. Ils ne comprendraient pas l'humour du texte ("Quoi de n'œuf, poulette ? Je peux vous offrir un ver ?") ni ses références ("J'ai entendu parler d'une vieille recette bretonne, appelée le philtre de Tristan") ils le sentiraient et s'en trouveraient frustrés. Les enfants sont comme ça, avides d'apprendre, ne passons pas à côté.
Ensuite, libre à vous d'expliquer ou non les clins d'œil au lecteur adulte... Comme le coup du patin qui "facilite le rapprochement" !