Mais merci à nous, aussi, de rester confinés chez nous. De ne pas jouer à être les plus forts, par insouciance ou par défi. Merci à nous de penser qu'une petite promenade dans un espace ouvert est sans risque – car elle n'est pas sans risque : on peut être porteur sain et toucher et contaminer quelque chose qu'une personne avec une immunité fragile touchera à son tour, qui tombera malade et pourra en mourir. Alors non, il n'y a pas de "je ne risque rien", ou alors il y a plein de "je peux faire courir des risques aux autres". Par respect, restons chez nous. Je n'en ai pas moins une pensée attentionnée pour ceux qui vivent à 6 dans 30 m2 ou qui vivent dans un foyer violent, difficile. Je pense aussi aux personnes âgées, isolées, à ma grand-mère qui va avoir 99 ans et qui ne peut plus recevoir de visites dans sa maison de retraite. Au personnel qui s'occupe d'elle.
Merci à vous, merci à nous.
En ce qui me concerne, je travaille. J'ai la chance de travailler chez moi, virus ou pas. Mon ordi, Internet, ma table de travail (ou mon canapé, c'est selon !). Alors rien n'a changé pour moi sur ce plan-là.
Mathurin est aussi à la maison pour terminer par correspondance son lycée commencé à Tokyo. Il "voit" souvent ses amis via Internet, il joue en ligne avec eux.
Eugénie par contre apprend à rester enfermée et à travailler à la maison. Elle va dans une école Montessori, ce qui signifie qu'en temps normal, elle n'a de "devoirs" à la maison que ce qui correspond aux révisions du brevet (qu'elle a choisi de passer, car c'est totalement optionnel, le saviez-vous ?). Mais, étant donné le confinement, elle doit faire à la maison ce qu'elle ferait à l'école. Heureusement, elle est bien accompagnée par ses éducateurs Montessori, qu'elle voit sur l'appli Zoom avec une partie de la classe. Bon, elle trie ce qu'elle a envie de faire ou non, à savoir que les maths sont un peu passées à la trappe cette première semaine, mais je la laisse s'organiser. Pas d'horaires imposés, de toute façon elle ne supporte pas ça et ça mènerait à des conflits. Je l'aide quand elle en a besoin. Et devant ces questions pour le brevet, je me remémore un post que j'avais écrit il y a 7 ans, et mon opinion n'a pas changé...
Je ne sors que pour le ravitaillement. Pas de promenades de distraction, de l'utilitaire uniquement. Je vais au marché faire le plein de fruits et légumes dans une ambiance surréaliste (rues vides, silencieuses, place du marché jalonnée de plots pour marquer les distances de sécurité, la police qui patrouille), avec mon autorisation de sortie dûment remplie dans ma poche, des gants et un masque cousu par ma maman.
Globalement je trouve les gens disciplinés et de bonne humeur. C'est qu'on y tient, à nos marchés, alors on fait ce qu'il faut pour les conserver. Mon producteur en permaculture a mis en place un système de commande par mail de paniers qu'on pourra venir retirer et payer sur la place du marché si les stands devaient être interdits. Le retrait des denrées serait plus rapide que le marché en tant que tel, et il semblerait que ce soit accepté.
Quand je rentre chez moi, je mets toutes mes courses sur le balcon, car le virus survit plusieurs heures en surface des objets s'ils ont été touchés par un porteur. J'ai vu des informations diverses sur la durée de vie du COVID-19 selon le type de surface, mais j'ai choisi de laisser mes courses dehors pendant au moins douze heures. J'évite d'acheter des salades ou des aliments qui ne s'épluchent pas, car il semblerait que la température au-dessus de 30 degrés (donc la cuisson) serait efficace pour s'en débarrasser.
Ces précautions sont les miennes. Il a bien fallu faire un choix à un moment donné puisqu'on n'a pas de données scientifiques fermes et définitives. De même, j'entends tout et son contraire sur le port du masque, mais force est constater qu'au Japon le port du masque est une évidence spontanée au moindre rhume (pour ne pas contaminer les autres), et qu'ils ont visiblement moins de cas qu'en France.
Je l'avoue, le sport n'a jamais été mon truc. Je n'en suis pas moins active dans la vie quotidienne, mais le sport en tant que tel... Mon minimum en ce moment, c'est l'aspirateur et les 12 étages pour descendre et remonter chez moi (courses, poubelles). Mathurin les fait en courant, le fou. Il fait également un peu de barre de traction quand il passe dessous, et il fait une séance de fitness en suivant une appli tous les soirs. Eugénie y participe en dilettante.
Ça peut en faire bondir certains, mais le confinement n'est pas un problème pour la grande casanière que je suis. J'aime être chez moi, dans mes affaires, j'ai tout le temps plein de choses à faire pour m'occuper, je ne m'ennuie jamais ! Ne croyez pas que je passe mon temps à briquer la maison, c'est une activité qui n'entre pas dans mes distractions. Mais j'aime faire des choses dans la cuisine, mettre en route des fermentations, tester des petites recettes avec plus ou moins de succès, faire du matériel avec mes dix doigts.
Et vu les circonstances, je me suis mise en mode survivalisme hihi ! Je fais de l'éco-vannerie, des paniers en papier recyclé. Zéro achat, et de l'utile, on a toujours besoin d'un petit panier pour y ranger des affaires !
Je fais toutes ces activités de détente en écoutant des vidéos inspirantes sur Youtube. Et je voudrais que les journées aient 36 heures, parce qu'avec le confinement, tout le monde met en accès libre de si belles conférences, de si jolis films, de si inspirantes discussions, que je n'ai pas le temps de tout voir, tout entendre ! Comment peut-on s'ennuyer chez soi à l'heure d'Internet qui permet tant de partages ? Je précise au passage que nous n'avons pas la télé et que je ne cherche pas 'l'information" sur la situation. J'ai les infos nécessaires, elles me viennent toujours d'une manière ou d'une autre, et le mot "COVID-19" ne tourne pas en boucle dans ma tête.
Demain mardi 24 mars s'ouvre le Sommet de la Conscience, avec plein de belles personnes qui me font réfléchir depuis des années, qui m'inspirent et m'animent. Vous avez encore le temps de vous y inscrire pour faire le plein de belles énergies pendant cette période délicate !
Et bien sûr, elle dessine.
Caroline