Merci, cher Japon, merci pour tout ce que tu m'as donné. Merci pour la gentillesse des gens. Merci pour ton service toujours impeccable, ta civilité bien agréable, ton fonctionnement toujours bien huilé.
Cher Japon, tu m'as laissée prendre ce qui me plaisait de ta culture et garder ce que je voulais des références avec lesquelles j'étais arrivée. Merci d'avoir accepté que je n'adhère pas à toutes tes idées, tes valeurs, me laissant être moi-même, me permettant de me créer ma propre culture, ni entièrement française, ni entièrement japonaise. Merci de m'avoir proposé sans jamais rien m'imposer.
Merci pour tout ce que tu m'as donné et permis d'édifier : ma famille, ma vie d'adulte. Merci pour les amis que j'ai rencontrés ici. Merci pour les expériences que tu m'as donné l'occasion de vivre.
Parfois violentes, comme le tremblement de terre du 11 mars 2011 suivi de Fukushima, mais la solidarité que j'ai vue à l'œuvre m'aura marquée à jamais.
Tu m'as tant donné, Japon. Mais tu m'as repris, parfois. Tu m'as fait pleurer. Tu y es pour beaucoup dans les épisodes les plus douloureux de ma vie, et pourtant je ne t'en veux pas. Tu m'as fait grandir.
Je vais te regretter, Japon ! Ton riz va me manquer, ta verdure partout même dans les endroits les plus citadins. La disponibilité et la propreté des toilettes publiques ! Ton système ferroviaire tellement pratique qui va partout, même dans les campagnes les plus reculées. Ton hiver, j'adore ton hiver, froid mais sec, avec ce grand ciel toujours bleu et ce magnifique soleil de novembre à mars !
Bye bye Japon, et bonjour France ! Je reviens !
Je suis contente de te retrouver parce que je ne vais plus avoir à prendre le métro. Je vais pouvoir flâner dans les librairies et tout comprendre. Je vais pouvoir acheter en vrac et sans quarante-six emballages de plastique. Je n'aurai plus besoin de faire douze heures d'avion pour voir ma famille. Je vais pouvoir manger de vraies bonnes pommes de terre. Je vais développer de nouvelles qualités, comme celle de savoir apprécier les choses rares et celle d'avoir moins d'attentes envers les autres. Et nous allons pouvoir avoir un chat.
Ah, ma France, je t'ai quittée râleuse, pas très rigoureuse, pas toujours souriante. Ou peut-être était-ce moi qui étais râleuse et pas très souriante ? On ne voit que ce qu'on émet, alors je décide, à mon retour, de ne voir que tes jolis paysages, tes magasins bio qui se sont bien développés, tes jeunes qui se bougent pour te faire bouger. Je vais oublier ce que tu m'as dit, un jour, pendant mon expatriation : "Oh, pour nous, vous n'existez plus depuis six mois après votre départ" - sans doute que tu étais vexée parce que j'étais allée voir ailleurs si l'herbe était plus verte. Je te pardonne, France, tu es une tête à claques mais c'est ce qui fait ton charme.
Et justement, c'est ça qui est formidable, finalement, parce que chez toi, tout est à faire ! On a beau être une vieille dame pleine d'histoire, on n'en doit pas moins se créer son futur. J'arrive, je vais t'aider, j'ai plein d'idées !
Caroline